12 juillet 2006

ça f'sait longtemps...


... qu'on avait pas parlé éléphants...

Article de libé du jour :

Cinq tonnes en trois jours, soit 547 éléphants morts.

Telle est l'équation laquelle ont abouti les douaniers de Taiwan après deux spectaculaires saisie d'ivoire de contrebande la semaine dernière dans le port de Kaohsiung. Le juillet, ils ont saisi 2 tonnes d'«or blanc» pour environ 2,35 millions d'euros. I s'agissait de deux chargements en provenance de Tanzanie, qui, après u transit en Malaisie, se dirigeaient vers les Philippines.
Les 18 caisses en boi contenaient 350 défenses d'éléphants d'Afrique (Loxodonta africana). Puis le 6 juillet, les douaniers du même port inspectent un cargo apparemment laissé à l'abandon depuis trois semaines. Là, ils découvrent plus de 744 morceaux d'ivoire dont plusieurs centaines de défenses entières, le tout représentant 3 tonnes d'ivoire et 372 individus victimes de braconnage.

Les douaniers ont confié aux journalistes que les tailles des défenses, encore ensanglantées, laissaient à penser que des jeunes avaient été massacrés.
En mai déjà, 3,9 tonnes d'ivoire avaient été saisies à Hongkong.
Au cours des sept dernières années, 95 tonnes d'ivoire ont été saisies dans le monde entier, ce qui représente plus de 15 000 éléphants morts.

Quotas de chasse.
Depuis 1989, le commerce d'ivoire est interdit (sauf cas exceptionnel) par la Convention de Washington qui protège les espèces menacées (la Cites).

En France, porter de l'ivoire est sanctionné de six mois d'emprisonnement et de 9 000 euros d'amende si le bijou ou l'objet a été fabriqué et acquis après 1989. «Les inscriptions aux annexes de la Cites répondent à des critères, dont l'un des plus importants est l'état et l'évolution de la population de l'espèce», indique-t-on au ministère de l'Ecologie.

L'éléphant d'Afrique était inscrit à l'annexe I de la Cites, c'est-à-dire qu'il était considéré comme une «espèce menacée d'extinction immédiate par le commerce». Ni commerce, ni transport n'étaient autorisés.

Mais en 2004, le Botswana, la Namibie, le Zimbabwe, puis l'Afrique du Sud ont montré que leurs populations d'éléphants étaient en très bon état, voire même abondantes dans certaines régions. Dans ces quatre pays, l'éléphant a donc été classé à l'annexe II de la Convention, moins protectrice, sous des conditions très strictes.

Des quotas de chasse permettent donc de stabiliser les populations. «Un éléphant provoque des ravages. Quand il y en a trop, c'est ingérable pour les habitants», justifie-t-on au ministère de l'Ecologie. Dans certains pays, tuer des éléphants est un sport qui se monnaie très cher lors de chasses touristiques. En 2006, le Botswana détenait un quota de 540 éléphants à tuer, le Cameroun de 160 individus et le Zimbabwe de 1 000 têtes.

En dépit de ces mesures, le commerce illégal d'ivoire se poursuit, voire s'intensifie. «C'est un commerce très lucratif, tenu par des bandes extrêmement bien organisées», confie un responsable du réseau de surveillance Traffic en Asie du Sud-Est. Pour les ONG de défense de la nature, les coups de filet ne représentent qu'un faible pourcentage du trafic qui alimente le commerce clandestin. «Les dernières prises d'ivoire signalent une tendance inquiétante qui menace les éléphants dont le nombre baisse partout dans le monde, a déclaré le Dr Joth Singh, un des responsables du Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw). C'est une tragédie : plus de 1 200 éléphants ont été tués pour produire l'ivoire qui a été saisi au cours de ces quelques dernières années .»

Ecran de fumée.
D'après l'Ifaw, c'est à partir de 2002 que les prises d'ivoire auraient augmenté. A cette date, la Cites a proposé de rouvrir le commerce international de l'ivoire par une vente unique de 60 tonnes accumulées en provenance du Botswana, du Zimbabwe, de Namibie et d'Afrique du Sud. Le Japon est le seul pays à avoir le droit d'importer de l'ivoire pour la réalisation de sceaux, à condition de ne pas le réexporter. Même si les livraisons n'ont toujours pas eu lieu, ce commerce légal aurait ouvert la porte à l'illégal. «Toute vente légale de l'ivoire crée un écran de fumée qui cache le commerce clandestin et provoque donc une augmentation du braconnage», estime l'Ifaw. Impossible pourtant d'affirmer que le trafic s'intensifie.

D'après les systèmes de surveillance du braconnage et du suivi du commerce illicite très décriés par les écologistes , il n'y a aucune augmentation significative de l'un ou de l'autre depuis 2002.

Ce qui doit fait rire les douaniers taïwanais